Un sujet encore trop tabou.
Je ne suis pas une spécialiste en santé mentale, mais j’ai envie de te partager mon expérience parce qu’elle aidera, peut-être, une personne en souffrance.
Je sais que lire les témoignages des autres est ce qui aide le plus. C’est ce qui m’a le plus profité dans toutes les épreuves que j’ai vécues. Que ce soit durant ma faillite, mon deuil périnatal ou mes épisodes de santé mentale, savoir que je n’étais pas seule à vivre ça et de voir que je pouvais m’en sortir me faisait beaucoup de bien.
Je partage mon vécu pour aider, pour donner du courage et des solutions.
Ma descente aux enfers.
J’ai toujours été une personne qui se donne à fond, très altruiste. Que ce soit au travail, dans mes études, avec mes proches je donnais sans compter.
À 24 ans, j’ai donné naissance à ma première fille. C’était une enfant désirée et j’ai passé ma grossesse sur un petit nuage et à sa naissance j’étais la plus heureuse du monde. Mais petit à petit, la situation s’est dégradée.
J’ai commencé à faire des phobies d’impulsions.
J’avais des flashs dans lesquels je me voyais la tuer. Si tu vis la même chose, dis-toi que tu n’es pas un danger pour ton enfant. Tout se passe uniquement dans ta tête.
Quand elle a eu 9 mois, j’en étais arrivée au point où, je n’osais même plus aller magasiner au centre d’achats parce que j’avais une vision dans laquelle je la jetais du 2e étage ?
J’avais peur de moi, je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait, je pensais devenir folle et je n’en parlais à personne. Ça a été ma plus grosse erreur.
Souvent, quand on va mal, on est trop orgueilleux, on pense s’en sortir seul et parfois on a même un peu honte.
Mais on ne devrait pas. Alors si tu vas mal : trouve une personne de confiance (amie, conjoint/te ou professionnel) et parle-lui.
À bout de souffle et de vivre, j’en ai enfin parlé à mes parents, mais j’aurais tellement dû demander de l’aide avant.
J’ai été hospitalisée.
Et je me suis effondrée. La fille qui voulait tout faire parfaitement : avoir un intérieur impeccable, faire des purées maison pour son enfant, l’allaiter malgré la difficulté que cela représentait, retourner vite au travail était épuisée physiquement et mentalement. Tout était devenu insurmontable pour moi : manger, prendre ma douche…
Durant mon séjour à l’hôpital, on m’a posé un diagnostic de bipolarité hypomaniaque. S’en est suivi un long cheminement pour trouver la bonne médication pour moi entrecoupé de 6 nouvelles hospitalisations. 3 ans de ma vie…
Est-ce que tu vis une dépression ?
On traverse tous des moments difficiles. C’est une chose de te sentir fatiguée parce que tu as eu une grosse semaine de travail, d’avoir un down parce que financièrement c’est dur.
Mais la dépression c’est n’être même plus capable de vivre. C’est subsister dans une noirceur permanente, ne plus voir la lumière au bout du tunnel. Tout devient une montagne même les choses vitales comme manger. Durant mes dépressions, je n’avais plus aucun intérêt pour rien. J’avais une impression de lourdeur. M’occuper de ma fille que j’aimais pourtant de tout mon cœur n’était plus possible. Je me sentais vide, coupée de mes sentiments.
Comment s’en sortir?
L’acceptation.
Ces épreuves de vie m’ont appris à assumer la personne que je suis. J’ai dû digérer le fait que dans mon cerveau tout ne fonctionne pas bien et que je dois prendre des médicaments pour pallier à ce dérèglement, que mes limites sont différentes aujourd’hui : je ne peux plus en faire autant et je ne peux plus subir autant de stress. Je n’ai plus peur de demander de l’aide et d’en recevoir.
L’envie d’avancer.
Sortir de la dépression c’est un long cheminement. Il faut avoir confiance que les choses vont s’améliorer, avoir de la patience. C’est important d’être entouré, mais tu dois décider que tu veux aller mieux.
Ce qui m’a sauvé c’est la couture. Trouve-toi une activité pour changer ton focus de place, te vider l’esprit. Que ce soit le dessin, la marche, la méditation, l’écriture… l’essentiel, c’est de te remettre dans l’action quitte à te forcer au début.
Chaque petit pas mène au succès.
Comment ne pas replonger ?
La résilience.
J’ai beaucoup travaillé sur moi. J’avais un besoin maladif de me sentir utile par exemple.
Il faut mettre le doigt sur tes problèmes. Si tu as tendance à toujours trop tirer sur l’élastique demande-toi pourquoi.
Par exemple si tu veux être une superwoman c’est bien souvent pour être aimée et acceptée. Mais tu dois apprendre à t’aimer toi, à t’accepter comme tu es. Tu dois trouver l’amour à l’intérieur de toi et tu n’auras plus besoin de faire des pieds et des mains pour être aimé.
C’est ce qui a changé pour moi.
Ma dépression m’a appris qu’il y a toujours une lumière au bout du tunnel, à voir le beau dans le laid, à profiter des bons moments.
Aujourd’hui, je suis sereine. Je suis en paix, parce que je sais que je peux tout surmonter et que je peux aller chercher de l’aide si j’en ai besoin.
Et je sais que je n’ai plus besoin de tout faire parfaitement, d’être toujours disponible pour les autres pour que l’on m’aime. Je ne fais plus mon travail en cherchant sans cesse une approbation, je le fais parce que c’est ma mission de vie. Cela me fait du bien et j’adore ce que je fais et ça change tout.
Depuis que je ne fais plus les choses pour être aimé, je n’ai plus de pression et je n’ai plus le besoin d’être une superwoman. Les gens vont m’aimer parce que ça leur tente.
Une nouvelle hygiène de vie.
Il y a beaucoup de petites actions à mettre en place pour t’aider à conserver une bonne santé mentale.
La méditation m’aide énormément. C’est un moment où je donne de l’espace à mon cerveau. Parfois, cela se transforme en 15 minutes de pensées non-stop et parfois c’est le calme plat. Le lâcher-prise est le maître mot.
Depuis c’est un rendez-vous quotidien avec moi. Grâce à cet espace que je m’offre, j’ai acquis une solidité intérieure. Ma médication ne fait pas tout, c’est tout ce que j’ai mis en place pour prendre soin de moi, mon hygiène de vie qui contribuent beaucoup à mon bien-être.
Parce que je ne veux jamais revivre la noirceur que j’ai vécue, c’était horrible et atroce.
Je vais tout faire pour ne jamais y retourner, et peut importe si je dois dormir 8 heures par nuit ou encore demander de l’aide je le ferai.
Ces choses qui font du bien.
- La couture.
- Décider qu’on ne veut plus vivre ça et faire des actions pour aller bien.
- La méditation.
- Faire attention à son sommeil.
- Faire quelque chose que tu aimes chaque jour.
- Apprendre à écouter ton cœur et non ta tête.
- Travailler fort sur toi.
- Te mettre dans ta bulle quotidiennement en écoutant de la musique.
- Extérioriser ce que tu ressens auprès d’une personne de confiance.
- Écrire. On dit souvent que l’écriture est une sorte de thérapie. C’est l’occasion de sortir le méchant.
- Crier dans ton oreiller, dans ta voiture. Testé et approuvé : ça fait un bien fou.
- Accepter de faire certains choix pour ton bien-être. J’avais un travail que j’adorais, malheureusement, je me retrouvais tous les jours coincée dans le trafic avec le stress d’arriver en retard pour aller chercher ma fille et la fatigue que ça entraînait. J’ai décidé pour avoir une meilleure qualité de vie d’arrêter ce travail. Tu dois faire des choix conscients pour te sentir bien.
En conclusion.
Tu as le droit de te laisser le temps de vivre tes émotions, de leur donner de la place, mais tu ne peux pas les laisser s’installer trop longtemps.
Si cette situation perdure, que tu perds ton intérêt pour ce que tu aimes et qui t’anime en temps normal, n’attends pas et vas chercher de l’aide. Je te souhaite du courage.
Steph.
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C’est super touchant et intéressant. Ca ressemble beaucoup à ma réalité.
Merci pour ce beau témoignage.