La première fois que j’ai démarré une entreprise, je me suis rendu au CLD dans le but de faire un plan d’affaires pour avoir du soutien financier. Et là, on m’a parlé de deux bibittes; une étude de marché et un plan financier pour les 3 prochaines années. Sincèrement, la meilleure image que je peux vous donner de ce qui se passait dans ma tête c’est un cricket.
Une étude de marché. Aye, j’avais l’impression de me faire dire « embauche une firme d’experts et paye des milliers de dollars pour savoir si peut-être ton idée fonctionne auprès de X, Y, Z ». Toute seule dans mon sous-sol, je n’avais clairement pas les moyens de faire ça.
Mais je savais aussi que la viabilité de mon projet en dépendait en partie, et surtout, que pour avoir du soutien financier du CLD je devais passer par là. Je ne savais comment faire, j’essayais de faire « quelque chose » en épluchant le site de statistiques Canada. Oui, j’ai rempli un joli document de données pour le présenter au responsable de mon dossier. Des données en réalité vides de sens, mais ça je ne le savais pas à l’époque. Je n’ai jamais eu de soutien financier de leur part d’ailleurs…
Pourquoi faire une étude de marché?
D’abord, oublié le terme « étude de marché », c’est juste stressant pour rien. On va appeler ça une validation, OK. Premièrement, à quoi ça sert? C’est simplement une étape importante qui permet de valider votre idée auprès de votre clientèle cible pour vous éviter de perdre des mois et beaucoup d’argent à développer un produit ou un service que les gens ne voudront pas acheter.
Ça vous permet aussi de mesurer et vous assurer qu’il y a assez de prospects pour que votre activité soit rentable. Techniquement, une étude de marché permet aussi de vous situer par rapport à la concurrence et l’économie. Par contre, si vous êtes en démarrage ou en croissance en tant qu’entrepreneur solo et que vous n’êtes pas en voie de demander 1 million à un investisseur, c’est relativement inutile. Je crois fermement qu’on peut faire fi de la concurrence si on fait du marketing de niche, de contenus et basé sur l’entrepreneur lui-même. C’est important de savoir qui joue dans le même cours que vous, mais n’y prêtez pas trop d’attention.
Vous pouvez trouver des centaines d’articles sur internet qui vous donneront des pistes, vous pouvez parler à des dizaines de personnes différentes et vous savez quoi; vous n’aurez probablement pas les mêmes informations. Simplement parce qu’il n’y a pas de recette toute faite pour les micros entrepreneurs. J’ai élaboré ma méthode pour définir un client cible idéal et faire les recherches. Ça fonctionne pour moi, mais surtout pour toutes les personnes que j’ai accompagnées. Contrairement aux conventions, je fais les choses à l’envers. Pour moi, c’est un non-sens d’essayer de satisfaire un groupe cible au lieu de trouver celui qui match avec ce que nous voulons faire, surtout être. Si vous voulez garder la flamme dans votre entreprise, déterminez avec qui vous voulez travailler et ensuite valider. Vous allez suer du sang par moment en tant qu’entrepreneur, aussi bien le faire pour des gens qui ont les mêmes valeurs et la même énergie que vous!
Alors la question qui tue : comment faire son étude de marché?
Évidemment, je ne pourrai pas détailler dans un seul article toutes les solutions qui s’offrent à vous, mais allons-y de bonnes pistes pour commencer.
Premièrement, mettez par écrit les questions auxquelles vous avez besoin de réponses pour valider votre entreprise/produit/service. Généralement, vous voudrez savoir si les gens ont un intérêt, s’ils sont prêts à payer le prix, obtenir plus d’information sur leurs habitudes afin de peaufiner votre profil de client cible et pouvoir réutiliser leurs propres mots dans votre marketing éventuellement. Pas plus compliqué que ça. Pour trouver ces informations, vous pouvez, entre autres, utiliser les 3 techniques suivantes;
Simple, accessible et le meilleur moyen à mon avis. Faites une recherche de groupes qui se sont rassemblés autour d’un thème représentatif de votre client cible. Par exemple, un groupe d’entrepreneur, de futures mariées, d’enseignants, etc.
- Joignez-vous à ces groupes, dans la mesure du possible, et lisez les publications, les commentaires. Une mine d’or d’information pour découvrir les réels problèmes des gens, leurs frustrations.
- Suivez des pages qui touchent votre public cible, c’est une merveilleuse façon de se faire servir des données sur un plateau d’argent par quelqu’un d’autre.
- Prenez part aux discussions, sans vendre (!), juste pour diriger certaines conversations afin d’obtenir les réponses à vos questions de validation.
Les questionnaires
Pour créer un questionnaire rapidement et gratuitement, vous pouvez utiliser Google Form. Reprenez vos questions de validation et structurez un questionnaire. Évitez de faire des questionnaires trop longs; aller à l’essentiel vous permettra de recueillir plus de réponses.
En ligne : Diffusez le lien de votre questionnaire sur tous vos réseaux, dans les groupes Facebook que vous avez sélectionnés pour votre validation. Demandez à vos amis de vous aider à trouver des répondants en partageant eux aussi dans leur réseau.
En personne : C’est certain que cette façon vous demandera plus de temps. Mais vous pouvez aussi embaucher des étudiants pour le faire. Allez aux endroits que votre public cible fréquente! N’allez pas faire remplir vos questionnaires dans une résidence de personnes âgées si votre niche est composée de jeunes mères monoparentales (exemple idiot, mais éloquent).
Vous pouvez donner un incitatif pour obtenir plus de réponses, par exemple un rabais sur vos produits (si vous en avez déjà), faire un tirage au sort de billet de cinéma parmi les répondants, par exemple.
Plus d’information sur la façon d’élaborer un questionnaire : http://www.entreprisescanada.ca/fra/page/2687/
Les études, bases de données, statistiques et cie
Selon votre secteur d’activité, il est possible que des études soient disponibles pour vous permettre de valider la proportion de gens qui vivent un problème précis. Les chambres de commerce ont également des informations sur l’entrepreneuriat dans votre région, si par exemple votre niche est composée d’entrepreneurs.
Astuce : cherchez sur Google de cette façon; « votre sujet + études », « votre sujet + recherches », « votre sujet + rapports ».
Pour les données plus larges, comme le nombre de propriétaires au Québec, le nombre de famille, les habitudes de consommation, etc. Voici des sites à considérer;
- Réseau entreprises Canada – répertoires de sites internet de références http://www.entreprisescanada.ca/fra/page/2829/
- CANSIM – Base de données socio-économique de Statistiques Canada http://www5.statcan.gc.ca/cansim/home-accueil?lang=fra
- Si vous prévoyez vendre à l’international, l’annuaire de données démographiques de l’ONU (en anglais) http://unstats.un.org/unsd/demographic/products/dyb/dyb2.htm
- Info entrepreneurs est un organisme qui peut vous aider dans vos recherches gratuitement ou à moindres coûts http://www.infoentrepreneurs.org/
Enfin, il n’y a rien de mieux que de valider votre idée live. Créer une version bêta de votre produit ou service et vendez-le sans paillette ni flafla, seulement pour tester le marché avant de vous investir encore plus. Vous pourriez aussi, par exemple, trouver des entreprises complémentaires à la vôtre qui accepteraient de présenter votre prototype à leur clientèle. Si votre client idéal est similaire à la leur, vous aurez l’heure juste.
Personnellement, quand j’ai eu l’idée de rendre accessible le marketing auprès des entrepreneurs créatifs pour leur permettre de maintenir un meilleur équilibre de vie (être entrepreneur solo ce n’est pas de tout repos), j’ai ouvert un blogue en quelques heures, j’y ai diffusé 4 articles pertinents que j’ai ensuite partagés dans les groupes Facebook qui m’avaient servi de validation préliminaire. La réponse fût magnifique, je n’ai pas dépensé un sou pour faire mon « étude de marché », à l’exception d’un nom de domaine, j’ai appliqué ce que j’enseigne auprès de la communauté que je souhaite créer et en moins d’un mois j’ai atteint mon objectif financier. Avec ma première entreprise, j’ai mis des mois à y parvenir. Comme quoi les bonnes stratégies sont payantes.
En terminant, même si vous en êtes à votre deuxième ou cinquième année en affaires, il n’est jamais trop tard pour (re) valider sa niche, ses produits, ses services et apporter les ajustements nécessaires. Même seul dans votre sous-sol vous allez maintenant pouvoir dire que oui vous êtes capables de valider votre marché et vous n’aurez plus peur des études de marché, parce que vous savez maintenant que ce concept est adaptable à votre réalité.
À bientôt!
Stéphanie